Rencontre Inattendue [PV Amelyn]

Peu de temps après l'ouverture du passage, Amelyn avait prit la grande décision de se lancer à la découverte du monde des humains. Elle n'en avait encore jamais rencontré et pensait éviter de se précipiter vers eux pour d'abord se faire une idée de l'environnement dans lequel ils vivent. Le mieux était d'entamer sa paisible visite par le terrain qu'elle favorise: les bois et forêts. Dévaler les pentes, même si celle-là ne sont pas enneigées, est un jeu d'enfant pour elle, qui se laisse porter aisément par n'importe quel courant. Croiser quelques oiseaux, un raton laveur, une famille de hérissons, puis jouer un peu de flûte dans la clairière. Le son raisonnerait de belle façon et elle irait ensuite écouter quelques conversations, discrètement. C'était probablement impoli mais sa curiosité maladive la poussait souvent à faire les choses dans l'ombre. De cette façon on ne pourrait pas lui reprocher ses mauvaises habitudes, et elle ne dérangerait personne. La blonde s'était amusée à prendre un peu de hauteur dans les arbres: la vue était imprenable sur la ville. Ce monde semblait tellement... immense. Tellement que le petit être qui venait de s'engouffrer dans la forêt, paraissait ridicule.

Dans un premier temps, la jeune femme se dit qu'il valait mieux s'éloigner. Seulement, un étrange ressenti la poussa à le suivre. Elle était donc descendue de son perchoir et l'avait observé de loin. Sans doute avait-elle bien fait puisque le pauvre garçon n'avait pas l'air très bien. Tandis qu'elle allait sortir de sa cachette pour s'enquérir de son état, l'inconnu chuta soudainement, et disparu plus bas! A sa grande surprise, le sol ici se trouvait plus glissant que tantôt. La brume s'était levée et le temps devenait plus humide. Terriblement inquiète, elle se laissa glisser à son tour pour le rejoindre:

- Rien de trop grave? Où vous êtes-vous blessé?

Sans trop attendre de réponse, Amelyn commençait déjà à regarder autour d'elle, et inspectait l'humain de la tête aux pieds. La descente n'avait pas été longue mais tout le monde ne résiste pas de la même façon à ce genre de mésaventure. Comme elle avait agit par réflexe elle ne s'était pas rendue compte qu'il aurait pu être effrayé. La jeune flûtiste se rattrapais aussi-sec:

- Oh, excusez moi! Je suis Amelyn. Je vous aiderais, ne vous inquiétez pas.

Bien que l'humain fût hostile au départ, Amelyn ne s'était pas offusqué de l'ordre donné. Au contraire: navré pour lui, elle aurait aimé savoir le rassurer de meilleure manière. La douleur devait être importante puisque finalement il accepta de lui révéler son problème. La jeune femme, bien qu'hésitante, osa tout de même porter son attention sur cette cheville blessée. Elle posa deux mains sur celle-ci tout en adressant un regard qui se voulut amical, au jeune homme:

- Elle n'est que foulée, ça ira. Prenez une inspiration, et soufflez, dit-elle en lui donnant l'exemple.

La flûtiste serra la cheville du brun entre ses mains, puis la relâcha doucement: elle avait insufflé un peu de sa magie pour l'aider à guérir, mais forcer dessus l'abîmerait de nouveau. Il ne devait pas bouger mais... rester dans un endroit pareil ne serait ni confortable ni excellent pour sa santé. En effet, une pente glissante en pleine forêt pour se remettre de ses émotions, ce n'est pas très conseillé. Amelyn voulut l'aider à remonter en l'invitant à s'appuyer sur elle:

- Passez votre bras autour de mon cou, je vous soulèverais, accrochez vous bien! Souffla-t-elle dans un léger rire, amusée à l'idée de la réaction que pourrait avoir le garçon lorsqu'elle le soulèvera pour remonter à bonne vitesse. Arrêtez moi si quelque chose ne va pas, d'accord?

Ceci dit, Amelyn le maintenait contre elle. D'un pas rapide, en le soulevant, elle prit un certain élan avant de presque patiner jusqu'au sentier. Sa légèreté lui permettait toujours de se déplacer facilement, peu importe le terrain. Bien que l'humain ne fut pas aussi poids plume qu'elle, elle était parvenu à le porter tout le long. La jeune femme l'avait ensuite déposé sur le chemin le temps qu'il se remette un peu. Vu le regard méfiant du jeunot, elle se mit à douter sincèrement de sa présence. Tant pis. Elle n'allait tout de même pas le délaisser après l'avoir sorti de là! Le brouillard se faisait épais et la ville se trouvait à quelques pas. Dans le doute, elle interrogeait directement le concerné:

- Tout ira bien, je ne vous ennuierais pas plus. A moins que vous ne le souhaitiez?

Se connaissant, elle serait incapable de l'abandonner même s'il le désirait. Que lui arriverait-il? Il marcherait, se blesserait à nouveau en forçant sur sa cheville, et ramperait jusque chez lui? Non, ce serait ridicule.

Je pourrais au moins vous ramener chez vous, j'ai le temps libre, ajoutait-elle sur un ton plus discret.

Ah, cette fierté mal placée que certains ont. Humains, Monstres, comme Mages. Amelyn n'aimait pas insister et aller à l'encontre de ces gens mais dans leur intérêt elle se devait de faire l'effort d'aller contre ces principes. Elle tâcherait d'en apprendre un au brun si celui-ci daignait se montrer un peu moins mauvais avec elle. Bien que la blonde n'attendait jamais qu'on lui soit reconnaissant, puisque aider toute vie en ce monde est sa raison de vivre, un petit regard aimable n'était jamais de trop. De façon un peu plus assurée, elle s'interposait donc:

- Vous savez, je n'ai encore jamais mangé personne. Ce serait dégoûtant, songea-t-elle avant de reprendre: Vous êtes le premier humain que je rencontre à dire vrai. Alors, si vous me le permettez, j'aimerais vous raccompagner.

Dis comme ceci peut être que la pilule passerait mieux. Amelyn ignorait encore trop comment s'adresser à des gens aussi distants. Son inexpérience se remarquait mais qu'importe. Nul en ce monde peut prétendre avoir la science infuse. Dans le but de convaincre son nouveau protégé, la jeune femme tentait de lui expliquer un fait:

- Admettre ses erreurs est une bonne chose vous savez. C'est une preuve de sincérité. A l'inverse, se mentir à soi-même serait pure hypocrisie. Êtes vous quelqu'un d'hypocrite? demandait-elle avec une certaine candeur. Vous êtes blessé. Ce n'est qu'une foulure, j'ai soigné les tissus mais... si vous forcez, ça pourrait s'aggraver.

Les gens auront beau dirent ce qu'ils veulent, même une fois adulte il leur restera toujours une part plus enfantine. Même pour les plus vieux. Pour une raison, ou bien une autre. Qu'importe laquelle. Si c'était souvent vu comme un mal, ce n'était pourtant pas le cas. Au contraire. Qu'y a t-il de mauvais dans le fait de s'extasier devant peu de choses? S'amuser n'est pas un luxe autorisé uniquement aux plus petits, tout le monde à le droit à ce privilège. Amelyn était sûrement de ceux qui pouvaient à la fois faire preuve d'un grand jugement, d'une sagesse irréprochable, et de puérilité. La réaction du plus jeune l'avait plus rassurée qu'amusée d'ailleurs. Son rire était incapable de se faire moqueur: elle n'était pas de ce genre. Non, il s'agissait plus de bêtise, sûrement, ou d'empathie. Un rire contagieux. La blonde acquiesçait en guise de nouvelle réponse avant de l'inviter à s'appuyer une fois encore contre elle. Il se déplacerait plus facilement de cette manière.

- Et comment puis-je vous appeler?

Nico. Juste quatre petites lettres pour composer un nom. Ca devait certainement l'arranger d'ailleurs. Amelyn fut pourtant ravie qu'il lui ai confié cette information. Ce n'était pas rien. Peut être que finalement il lui faisait un peu confiance? Elle comprenait qu'il se méfie. On se méfie tous de l'inconnu. L'inconnu engendre la peur. Cette même peur qui valut à la blonde quelques critiques et remarques déplacées. Là encore elle n'y prêta pas grande attention. Etrangement il s'agissait d'une minorité. Les gens ont le droit de les craindre après tout, mais pourquoi les craindraient-ils plus que les mages dans ce cas? Serait-ce une simple question d'apparence? Certains monstres ont-ils un visage si abominable?

L'attention de la flûtiste était entièrement porté sur Nico. Sa tâche n'était pas encore terminée. Et puis, les mots s'envolent et disparaissent, ce ne seront jamais plus que quelques mots envoyés par des gens visiblement encore peu enclin à accepter la présence d'une nouvelle espèce. Le brun s'était offusqué du comportement de ses semblables. Certains tournaient le dos, esquivaient ses paroles, d'autres encore lui adressait le même regard qu'à la monstresse. Dans le but d'éviter d'attirer les ennuis, Amelyn chuchotait à Nico:

- Ne dites pas ça, ce n'est pas très gentil de souhaiter pareille chose aux vôtres. Ne vous inquiétez pas, lui dit-elle sagement. Je crois que nous arrivons dans la rue que vous m'avez indiqué. Est-ce vôtre logis? Demandait la blonde en se redressant un peu.

Les lieux étaient plus tranquilles, les regards curieux et accusateurs se raréfiaient. Le calme revenait. Une fois devant la porte, la flûtiste salua promptement le jeune homme:

- C'est gentil à vous d'avoir pris ma défense. Mais, ne vous en faites pas, c'est normal. Ils s'habitueront, et ils ne sont pas tous... comme ça, pensa-t-elle innocemment.

Dans le but de le distraire, elle posa un doigt sur le bout de son nez:

- Et n'oubliez pas, demandez si vous avez besoin d'aide. Ca ne rend pas bête et ça peut permettre de belles rencontre. Vous ne pensez pas?

Amelyn attendait tout juste sur le pas de la porte. Elle se dit qu'il pourrait parfaitement se débrouiller mais un doute l'envahi aussitôt. Allait-il vraiment pouvoir se débrouiller? Il serait chez lui, c'est vrai, mais, et si la douleur revenait? Elle devrait peut être guérir complètement la blessure, mais ça prendrait plus de temps. Songeuse, elle ajouta donc au dernier moment:

- Oh, et, ne forcez pas sur votre pied, d'accord?

Connaissant le brun, il voudrait probablement qu'elle lui fiche la paix. Elle n'insista donc pas et le salua une nouvelle fois en se courbant légèrement, avant de faire volte-face. S'étant retrouvée en ville, elle pourrait profiter pour en faire le tour. Ou, peut être qu'il valait mieux attendre un peu. Les humains peuvent se montrer violent quand la peur les prends...